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«Un appareil photo est plus fort qu’une mitrailleuse – soyez responsables en l’utilisant». «Terre de Cheval», version photographique d’un mythe national par Harouna Marané

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photo : au championnat national à Pabré le 26 décembre 2021[1]

* * *

Günther Lanier, Ouagadougou 9 juin 2022[2]

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Et voilà : samedi passé, dans le centre culturel de l’Association pour la Promotion des Arts Plastiques (APAP), à l’ouest du centre de Ouagadougou, Harouna Marané nous a montré de nouvelles photos – autour du cheval.

Au Burkina Faso, les chevaux sont d’une importance éminente. Ainsi, l’équipe nationale de football s’appelle «les Etalons». Avant-hier, ils ont gagné leur deuxième match de la phase éliminatoire pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN) en battant l’eSwatini 3 à 1. Vendredi passé, les Etalons avaient gagné 2 à 0 contre le Cap-Vert.

Sans doute, une des raisons de la grande estime dans laquelle on tient les chevaux est d’ordre historique : les Mossi – qui représentent à peu près la moitié des Burkinabè – doivent la conquête, il y a des siècles, et le maintien de leur empire à leur supériorité militaire qui était basée sur leur cavalerie.

Le nom le plus répandu parmi les Mossi est d’ailleurs Ouédraogo – ce qui veut dire «cheval-mâle», donc étalon. Sans grande surprise, au FESPACO, le festival panafricain de films qui a lieu tous les deux ans à Ouagadougou, le prix principale s’appelle «Etalon d’or».


au championnat national à Pabré le 26 décembre 2021[3]

En dehors du territoire mossi également, les chevaux sont des vecteurs de culture importants. Par exemple à Barani, dans l’extrême nord-ouest du pays, dans une zone habitée surtout par les Peulhs. Sur la base d’anciennes traditions, on y organisait tous les ans le Festival Culturel et Hippique de Barani (FECHIBA)[4].

Hélas ! Le festival est une victime du terrorisme[5]. Barani est beaucoup trop proche de la frontière malienne. Et c’était à partir du Mali que le djihadisme a déferlé sur le Burkina à partir de 2015/16. Entre-temps, les attaques se sont multipliées même dans le chef-lieu provincial Nouna et se sont répandues jusque devant les portes de Dédougou, chef-lieu de la région de la Boucle du Mouhoun.

Et c’est ce qui m’a motivé à mettre les mitrailleuses dans le titre de cet article. N’oublions premièrement pas que Harouna Marané et ses collègues photographes exercent leur profession en partie dans des régions qui souffrent d’insécurité. Deuxièmement, je voudrais souligner une fois de plus qu’un succès purement militaire contre le phénomène du terrorisme est à exclure de prime abord.[6]

Pour être exact, la citation de mon titre devrait être «Un appareil photo est plus fort qu’une AK47 – soyez responsables en l’utilisant»[7], une AK47 étant une kalashnikov. C’est Mike Ndumiso Mzileni qui l’a dit, le maître photographe de presse et de musique de l’Afrique du Sud qui est décédé le 1 juin 2022 à l’âge de 80 ans. Que la terre lui soit légère ! Pour être en cohérence avec cette exigence, Harouna et collègues devront être conscients et conscientes de l’effet que leurs photos peuvent avoir et user de cet effet avec sagesse. En ce qui concerne le très dynamique Harouna, je n’ai aucun doute que c’est exactement ce qu’il va faire.


l’affiche pour l’exposition “Terre de Cheval“ à l’APAP

Le masque du cheval fait du drapeau burkinabè à gauche en bas de cette affiche rappelle l’exposition de Harouna sur la vie derrière les masques dans un Ouagadougou qui était, au début, paniqué par la pandémie – un assemblage de photos apparentées, d’une certaine manière, à celles d’une autre exposition de lui avec des photos sur la vie derrière le voile.[8] Il y a quelques années, Harouna Marané a participé à une exposition de groupe qui présentait des photos du soulèvement populaire de fin 2014[9] – une exposition dont le vernissage a été réalisé à Munich et qui est passée à d’autres lieux en Europe après, mais n’a jamais été à voir au Burkina. C’est à travers sa participation à cette exposition que je l’ai connu. Je peux assurer que depuis ce temps il va de son pas mesuré sur le sentier des maîtres photographes, de manière constante et confiante et cela malgré les problèmes considérables et surtout économiques qui barrent la route aux activités artistiques en temps de terrorisme, Covid et vie chère avec hausse de prix surtout des vivres.

Dernièrement, il a gagné un petit financement du Bureau Burkinabè des Droits d’Auteurs (BBDA) pour son exposition «Terre de Cheval», juste assez pour faire imprimer les photos, trouver un lieux pour l’expo et offrir quelques brochettes, du bissap et du gnamakou et des arachides à celles et ceux qui ont participé au vernissage.

Le lieu de l’exposition est, comme mentionné ci-dessus, le centre culturel de l’Association pour la Promotion des Arts Plastiques (APAP) dans le quartier Bilbalogho aux confins ouest du centre-ville de Ouagadougou, une association que l’artiste et peintre Suzanne Ouédraogo – donc «étalon» – a fondée en 2000. Le centre culturel s’appelle «Naanego» – dérivé du verbe mooré «naane» qui veut dire créer, inventer, modeler.


au championnat national à Pabré le 26 décembre 2021[10]

Ce qui préoccupe Harouna Marané dans ses photos «Terre de Cheval» est beaucoup plus que la compétition. Le dressage aussi n’est qu’un thème parmi d’autres.

Au cœur de l’exposition se trouve la relation entre les humains et les chevaux. Et du côté humain, ce ne sont pas seulement les garçons et les hommes…


photo d’une photo de Harouna Marané par GL, le 4 juin 2022 à l’APAP

C’est peut-être le lieu pour citer l’un des très grands de la photographie, Henri Cartier-Bresson : «Que les photos soient faites avec un appareil photo est une illusion… elles sont faites avec l’œil, le cœur et la tête.»[11] Harouna Marané, j’ai l’impression, suit ce principe.


photo Harouna Marané[12]

* * *

Pour terminer voici ma photo favorite de cette exposition – celle-ci sans présence humaine.


photo d’une photo de Harouna Marané par GL, 4 juin 2022, APAP

* * *

Notes de fin :

[1] Photo Harouna Marané. Pabré se situe à quelques kilomètres au nord de Ouagadougou, la capitale burkinabè.

[2] Un grand merci à Petra Radeschnig pour ses commentaires !

[3] Photo Harouna Marané.

[4] Pour une courte vidéo sur le FECHIBA voir https://youtu.be/r0hTyeS5J_k.

[5] Je crois que le festival a eu lieu la dernière fois en 2018, du 5 au 7 avril 2018 pour être plus précis – pour les années suivantes, je n’en ai, en tout cas, trouvé aucune trace sur le net. En 2018, c’était la 17e édition du FECHIBA.

[6] J’ai traité de cette question dans plusieurs articles – tous malheureusement an allemand. Pour les germanophones qui souhaitent voir la liste de ces articles avec leurs liens : voir la note 6 de https://www.africalibre.net/artikel/444-ein-fotoapparat-ist-starker-als-ein-maschinengewehr.

[7] Dans l’original: “‘A camera is more powerful than an AK47,’ he admonished; be responsible in how you employ it.” Gwen Ansell, Legendary Mike Mzileni captured South Africa’s history and also its musical stars, The Conversation 7 juin 2022, https://theconversation.com/legendary-mike-mzileni-captured-south-africas-history-and-also-its-musical-stars-184493.

[8] Je connais Harouna Marané depuis 2017. Voir Günther Lanier, La vie derrière les masques. Harouna Marané à Ouagadougou, quand “la maladie“ faisait encore peur, Ouagadougou (Africa Libre) 2 décembre 2020, https://www.africalibre.net/articles/183-la-vie-derriere-les-masques-ou-harouna-marane-quand-la-maladie-faisait-encore-peur. Les deux autres articles que j’ai écrit sur lui ou plutôt sur ses photos sont en allemand : Günther Lanier, Die Unabhängigkeit der Kunst. Oder: Wer braucht schon ein Thema? Ouagadougou (Africa Libre) 3 novembre 2021, https://www.africalibre.net/artikel/109-die-unabhangigkeit-der-kunst, ainsi que Günther Lanier, Den Blick brechen. Fotografieren gegen Vorurteile, Ouagadougou (Africa Libre) 12 juin 2018, https://www.africalibre.net/artikel/323-den-blick-brechen-oder-fotografieren-gegen-vorurteile.

[9] Je n’ai pas vu l’exposition, seulement son catalogue. Pour une critique – hélas encore en allemand – voir Günther Lanier, Fotos aus dem Land der Integren: Peter Stepan (éd.), Der Volksaufstand in Burkina Faso, Oktober 2014. Für eine gerechtere Welt. Eine Buchbesprechung, Deutsch-Burkinische Freundschaftsgesellschaft, Burkina Info 2-2017, Karlsruhe, décembre 2017.

[10] Photo Harouna Marané.

[11] Je n’ai pas trouvé la citation originale. Ma source est l’article de Gwen Ansell dans The Conversation mentionné ci-dessus. J’ai traduit de l’anglais : “It is an illusion that photographs are made with the camera … they are made with the eye, heart and head.”

[12] Photo du 8 juin 2021 ou avant.

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